De retour en Afrique

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Rascal
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Re: Je ne veux pas !

Message par Rascal » mer. déc. 04, 2013 10:45 pm

Avec tout tes coms sur mon topic , je suis viendu voir ta présentation .
Ho , un original ! Mais ça ne te manque pas Drucker le dimanche ? :D


Bienvenue sur MTP !



gelenes a écrit :18 mois en Thaïlande...super au début, je conseille ...pour des vacances ou de la moto ( à gauche ! )... pour le reste, nous ne sommes qu'une pompe à fric.
A mon 3 ème séjour au Siam , je crois comprendre à quoi tu fais allusion . :D
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Re: Je ne veux pas !

Message par gelenes » jeu. déc. 05, 2013 12:16 am

Salut Rascal...

Tu as compris que j'ai poursuivi des études (sans jamais les rattraper ) et en ...1972, lors du stage de fin d'études, je suis parti deux mois sur un paquebot (Le mermoz ) en mer noire, et Méditerranée... les voyages, c'est comme les cacahuètes...quand on commence ...

Alors j'ai bien essayé de travailler en immeuble ( OMS et ONU à GENEVE ), y allant à moto ... :D mon père était fier ...

Depuis, je ne sais combien j'ai usé de passeports, et je sais aussi que je suis usé...physiquement... ce qui entraine souvent des baisses de moral quand je n'arrive plus à attraper les pigeons devant le temple... :|

j'en ai bien profité, à tous les niveaux, esperant transmettre mes expériences et souvenirs comme on le fait en Afrique... mais ça ne marche pas !... j'en fais rêver quelques uns (es) sur certains forums dont je n'ai plus lieu d'aller, comme celui des ZX citröen... parceque j'avais bricolé une ZX en mode camping... tant mieux s'ils boivent leur Nescafé dans leur HLM en décembre, en lisant un commentaire d'Asie du sud est où la plupart ne viendront jamais ...

Certains que tu connais m'ont suivi et soutenu moralement, surtout lorsqu'au début de cette année, je me suis retrouvé en mauvaise situation en Thaïlande...une sorte de piège... jusqu'au moment où j'ai eu un dernier sursaut pour m'en extraire.. et si je t'ai suivi " en direct ", c'est que j'ai compris que la Thailande est plus dangereuse pour des gens comme nous, que des pays où j'ai bossé comme le Tchad,le Kosovo, l'Algérie, le Mali et d'autres...où on surveille la situation en permanence... trop d'exemples en ThaÏlande qui n'arrivent pas qu'aux autres ...

Maintenant au Cambodge, j'espère que mon chemin sera plus long ici ...

J'ai commencé à vendre la remorque, la moto, la Citroën - camping qui était une alternative à la moto, la télé avec Drucker, et suis parti en janvier 2012 pour de nouvelles aventures.. la prochaine étant en cours d'élaboration ...

Bonne journée et mets un pull !

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Re: Je ne veux pas !

Message par Mimi » jeu. déc. 05, 2013 9:15 am

Pas mal ta ZX camping-car :wink:
Va falloir qu'on s'en rachète une pour quand on ne pourra plus voyager à motos :wink:
La seule chose qu'on est sûr de ne pas réussir est celle qu'on ne tente pas - P.E Victor
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Re: Je ne veux pas !

Message par gelenes » jeu. déc. 05, 2013 9:29 am

Bien réfléchir pour la tente de toit ... trés pratique, j'avais changé le matelas pour un vrai bultex, un fil avec diodes pour la lumière, mais si tu dois aller aux toilettes la nuit, ... :mrgreen: Cher quand même pour ce que c'est ...

volets spéciaux 3 couches en alu, convertisseur 220v, douche electrique, faux plancher avec caisse d'outils , de nourriture, etc ... tout revendu pour 1200 euros plus la tente ! comme neuf.

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je trie des photos en même temps ... :wink: l'avant dernière ...comme neuve pour 1000 euros, partie faire un tour en Lybie avec un PDG français qui ne voulait pas y aller en GS 1200 ... :mrgreen:

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Le jour où un Epsilon m'a coupé la route ... :lol:
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Re: Je ne veux pas !

Message par gelenes » sam. déc. 07, 2013 1:13 pm

Je mets ici, pas pourrir ailleurs : mais ma soirée du samedi soir à Phnom penh ... ce fut moins bien que la bouffe du week end MTP ...

Ne regardez pas l'heure, même avec le décalage !!!

18 h35, je suis de retour ... :roll:

après hésitation, j'ai pris la douche, un pantalon, quelques dollars, la mini bombe lacrymo ramenée de Thaïlande et ...le seul tuk tuk dispo dans le quartier vers 17 H 30... le soleil était déjà très bas.

J'étais parti pour aller dans le quartier de la station Total - resto des filles - massages - etc ... Le petit pont !! j'avais oublié ..... tout bloqué avec le gros poulagat qui siffle pour rien puisqu'il faudrait être deux, un à chaque bout pour alterner, ou alors ..faire respecter le sens interdit.

Je saute du tuk tuk, lui file un dollar, le mec bien content, fait demi tour et me voilà dans la poussière avec les motos, quelques bagnoles...la douche sera à refaire ...

J'arrive vers le salon de massage (celui qui est interdit avec les flingues ! ) et à côté, j'avais repéré un superbe resto végétarien tout neuf, beau décor, du monde ... je rentre, en même temps que d'autres clients, alors que la salle est déjà pleine à 80 % ...

et là...le meilleur serveur de toute l'Asie ? ... :lol: malgré sa tenue assortie aux copains, on voit qu'il est descendu du cocotier récemment.

" ONE ", et je montre avec le doigt sur la carte ...

Il me file la carte, et attend... jusque là c'est normal : à chaque article que je commande, je dis "ONE " et il répète, insistant, dès fois que j'en voudrais deux !

Une bouteille d'eau, un plat de nems numéro C13 comme sur la photo... et pour finir, une glace au coco ... prudent, je découvre ...

Il me demande en anglais du coin si je la veux en verre ou sur une assiette... je regrette de ne pas l'avoir prise en assiette...

J'attends ... :wink:

quelques minutes passent... p*******, le voilà ! parkingson avec le plateau et le verre à bière plein de glaçons, la bouteille de flotte va t-elle arriver jusqu'à moi ????

OOOOuais ! gagné... la clim tourne à fonds.

attention, il revient ....

Et que vois je arriver ??? lol! mon verre de glace à la noix de coco !! mais comment font ils ? j'attaque la glace...sinon je vais manger chaud ...

j'en suis à la moitié quand une serveuse mignonne m'apporte une assiette ... " oh, mais y a erreur, je n'ai pas commandé ça ..." un truck genre brochette froide trop cuite avec des oignons dans un ramequin ...

J'aurais du lui filer un nom au serveur, et mettre une caméra sur la table ... :lol:

Ces collègues (nombreux ) planqués derrière les poteaux, dans les recoins, qui regardaient la situation , le loufiat loin du bal ... et un de ses copains qui est venu me voir me demander, avec le menu, ce que j'avais commandé.

pas mieux. 4 mots d'anglais, je sentais la situation interminable et ma glace fondre dans le verre à bière. " OK ", ramène la brochette "...

Je ne saurai jamais de quoi était faite cette brochette... plein d'images du marché défilaient dans ma tête à ce moment là, celui de la première bouchée (et la seule )... les bouts de viande au soleil, les femmes assises sur les étals, pieds nus, au milieu de la bouffe...

J'ai laissé le reste .. demandé l'addition (loy pour dire argent ) et suis reparti à pieds dans la nuit noire, alors qu'il n'était que ...18 h20 , le resto continuant à se vider : les horaires sont très différents de chez nous si on oublie le quartier touristique et central...

première fois que je rentrais à pieds dans la nuit... et le petit pont toujours bloqué ! bonne soirée à 4,60 dollars tout inclus, un peu ratée quand même pour faire des connaissances. Toujours ce gros problème de communication, surtout avec les tuk tuk et même avec le plan.

Enfin, j'ai vu des serveurs et serveuses faire du patin à glace sans patins et sans glace... ça y ressemble quand ils se déplacent en tongues...
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Chatothierry
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Re: Je ne veux pas !

Message par Chatothierry » sam. déc. 07, 2013 8:09 pm

Bon ben j'ai préféré le repas ATOC/MTP/Transalpage d'aujourd'hui ! :lol:
Une moto, des BD... et la vie est belle Image
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souvenirs de 2011- 2012

Message par gelenes » mer. févr. 05, 2014 4:57 am

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en expo chez le CONs Honda local ...
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souvenirs plus anciens ...

1974, puis 1976 ...

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Thaïlande 2012 ; ne jetez plus vos vieux containers
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Suis déjà passé ici ...

Message par gelenes » mer. févr. 19, 2014 1:59 am

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Encore moa...

Message par gelenes » dim. juin 15, 2014 12:47 pm

C'est le hasard de la date car demain sera un jour qui compte dans la vie d'un homme ... je complète ma prez !

Avant internet, il y avait le stylo et le journal de bord ... Premier voyage en Angleterre, 2 ème sur le Mermoz direction la Mer noire ( Sotchi, Yalta, Odessa ), puis 3 éme au Congo, rapide, seulement un mois en brousse: suffisant pour attraper le virus !

Dès 1985 je repartais en Afrique pour un job de 3 mois, me promettant de faire un bouquin des aventures ! sacré boulot, de correction, d'écriture, pas encore d'APN donc les photos n'étaient pas à l'ordre du jour.

160 pages plus tard, imprimé provisoirement, je laissais mes écrits dans une vraie malle à souvenirs en France et postais en direct, quand c'était possible, les tranches de vies ...

extrait, avec le départ depuis Marseille : je zappe la préface. (sociétés SHRM, puis CSI après 2000)

La seule chose qu'on est sur de ne pas réussir,
C'est celle qu'on ne tente pas.
P.E.Victor


En sortant de la gare Saint Charles, la douceur du climat
méditerranéen me fait oublier que nous sommes début
décembre 84. Je descends les nombreuses marches qui, si
elles pouvaient parler, auraient certainement des anecdotes
à raconter sur les chaussures qui les ont foulées, les culs
qui s’y sont assis, les petites culottes qu’elles ont
16contemplées et les jurons qu’elles ont entendus, surtout les
dix dernières dans le sens de la montée !
Après avoir traversé la rue, je me retrouve en Afrique du
Nord, ou presque. Mon costard me donne l’air d’un extra
terrestre. Je me dirige vers la Cannebière, marchant
derrière un immigré pieds nus dans ses charentaises, pas
vraiment assorties à son complet gris…
J’arrive ainsi sur le vieux port. Il me reste quelques heures
avant mon rendez-vous et j’en profite pour aller me
restaurer chez une ancienne marchande de poissons,
reconvertie en marchande de crevettes presque
décongelées. Je n’ai pas eu le choix du restaurant car cette
brave dame m’attendait sur le trottoir pour m’éviter d’être
dans l’embarras face aux nombreuses gargotes. Une fois
mezig à l’intérieur, son travail semble terminé. Elle
reprend son poste à l’entrée, chantant un refrain bien
connu, du moins chez elle : « da da da … ». Entre deux
refrains, elle remet en place ses sous vêtements qui
apparemment ne sont pas adaptés à sa morphologie. C’est
à cet instant que rentre un personnage de bande dessinée :
un mètre soixante, chaussures vernies noires et blanches,
galurin, pelisse, cravate turquoise, portail en inox… il ne
lui manque que le calibre… à moins que …
Habitué de la maison, il va droit au bar, qui pour lui doit
être la muraille de Chine ! Après avoir terminé mon repas,
je saute dans un taxi qui m'offre une demi heure de stock
car avec, en prime, la prise en charge d’un copain (du
chauffeur) qui peut fumer sous la douche et qui devrait en
prendre une rapidement !
J’arrive enfin à mon rendez -vous.
« Bonjour monsieur… vous avez rendez-vous avec qui ?
ah, il n’est pas là, il sera ici demain… en attendant,
remplissez ce questionnaire, on vous écrira… ».
17Je reprends le train de nuit pour la Haute Savoie. Le 11
décembre, le téléphone sonne :
« Pouvez vous vous présenter à Marseille avé votre
valise jeudi à 9 heures ? ».
Cela me laisse moins de 48 heures pour fermer l’eau, le
gaz et l’électricité. Je saute dans le train en ayant à peine
eu le temps de dire au revoir à mon fils et à sa maman qui
ont du m’accompagner à la gare, ma voiture ayant déclaré
forfait la veille. En route pour de nouvelles aventures… Je
me présente donc comme convenu après une courte nuit
dans un hôtel dont l’unique étoile a besoin d’être
dépoussiérée. Les nombreux cafards sont également de
mon avis ! Je passe avec succès une visite médicale. C’est
d’ailleurs le deuxième examen que j’obtiens, après le
permis de conduire. Puis, en échange de ce précieux
papier, je reçois un contrat de travail et un billet d’avion
pour PORT GENTIL, au GABON. Le jumbo AIR
GABON ne décolle qu’à 23 heures 55. Il me reste une
demi-journée pour faire du tourisme à Marseille. Je teste
un nouveau restaurant, qui me sert des chambres à air de
vélo à la sauce tomate, adresse sur demande ou sur 3615
dégueu. Vers 16 heures, je monte dans la navette qui me
transporte à l’aéroport de Marignane en slalomant sur
l’autoroute.
Il est déjà très tard lorsqu’une voix féminine invite les
passagers à destination de LIBREVILLE à se présenter à
l’embarquement. Nous avons une heure de retard. Je ne
réalise pas encore que je suis le meilleur pour avoir été
sélectionné parmi d’autres inconscients…
Six heures du mat…vendredi. Je descends de l’avion et
remarque à peine la température estivale qui règne ici.
Après les contrôles habituels, je me dirige vers la salle
d’embarquement en attendant le BOEING 737 qui doit
m’emmener à PORT GENTIL. Avant de monter à bord, je
18jette un rapide coup d’œil sur l’équipage… Toujours avec
une heure de retard, l’appareil se pose à POG, PORT
GENTIL en langage aérien. Le chef d’exploitation
m’attend. Le petit zinc qui assure la relève avec le chantier
est déjà loin, aussi il est décidé que je partirai le lendemain
avec le hors bord et le technicien français qui va vérifier
les travaux sur le chantier. J’ai donc quartier libre et j’en
profite pour faire un brin de toilette dans la case à ma
disposition. Il s’agit d’une villa que la société utilise pour
les gens en transit, comme moi. Le club ELF, qui possède
un restaurant, me permet de déjeuner à l’européenne. Pour
l’instant, la transition se passe plutôt bien. La nuit trop
courte passée dans l’avion et le climat chaud et humide
m’incitent à faire une sieste réparatrice.
Deux heures plus tard, des éclats de rire féminins me tirent
de mon sommeil. Je surprends une jolie femme blanche de
langue française entrain de regarder un jeune homme
blanc, sous la douche. Apparemment, cela l’amuse
beaucoup ; moi aussi, car elle ne m’a pas encore vu. Je fais
une rapide balade en ville, en profitant pour faire provision
de cartes postales. La nuit tombe rapidement, et comme le
départ est prévu tôt demain matin, je retourne au plumard.
**********************************************
*
Le 115 chevaux YAMAHA crache ses décibels dans le
canal qui nous emmène vers l'océan. Puis, nous nous
enfonçons dans la forêt inondée où serpentent de
nombreuses rivières. Nous parcourons près de 130
kilomètres en à peine deux heures. Le pilote a l'habitude
du bateau et connaît parfaitement le parcours. Nous
passons à fond les méandres de la rivière principale,
l’embarcation dérapant sur l’eau. La végétation est
magnifique. Nous dépassons une seule péniche durant le
19voyage. L’air chaud nous fouette le visage. Nous pouvons
tout juste nous entendre, le moteur et le vent couvrant nos
voix. J’ai l’impression d’être en vacances ! Nous stoppons
une minute vers des cases de pêcheurs complètement
isolées dans la nature. Mon chauffeur, sans descendre du
bateau, jette à une Africaine une boite de lait en poudre
pour bébé. Nous repartons et quelques minutes plus tard,
j’aperçois au loin la torchère qui signale BATANGA.
Nous accostons parmi les hautes herbes et un géant blanc
aux mains de gorilles nous accueille. Il est venu en
camion. Celui-ci lui ressemble et je dois m’y reprendre à
deux fois pour me hisser à bord. Un Africain s’occupe de
mon bagage. J’aperçois alors du haut de mon perchoir,
BATANGA. A quelques centaines de mètres… Derrière,
la mer scintille.
BATANGA est sur une langue de sable, au sud de Port
Gentil. L’océan est séparé de la lagune par environ deux
milles mètres de sable et d’herbes. Le seul village à
proximité est OMBOUE, à une quarantaine de kilomètres.
Le camp boss démissionnaire m’accueille froidement,
apparemment soulagé de me voir. Instantanément, il me
fait visiter la base. Il paraît pressé de partir, et pourtant
nous sommes samedi et il devra attendre l’avion de relève
de mercredi. Il a la quarantaine, grand, rouquin,
moustachu. Après quelques phrases échangées, je
m’aperçois qu’il n’est pas tout à fait étanche. Est ce
l’Afrique, le soleil, ou est il tombé du berceau étant petit ?
J’apprendrais qu’après un premier séjour ici même de trois
mois, il est revenu seulement dix jours plus tard pour faire
une journée de prison pour absence de visa. Ensuite,
envoyé sur une barge pétrolière en mer, il aura des
problèmes du genre « on va te filer aux requins « . De
retour en ville, il se fera casser ses binocles et ouvrir
l’arcade avant de rejoindre BATANGA. Là, en pleine nuit,
20un Africain ivre lui crachera dessus en lui tirant les
moustaches… Ainsi, je comprends mieux son retour
prématuré en France !
La base est jolie, construite en dur. Quatre bâtiments sont
reliés par des coursives en prévision des orages. A
proximité, une paillote toute neuve, avec de gros
ventilateurs… Des fleurs, du sable… la ressemblance avec
le club med est frappante ! Le bruit des énormes groupes
électrogènes nous rappelle que nous sommes sur un
chantier. La cuisine et la salle à manger sont tristes mais
propres. A environ deux kilomètres, une piste d’aviation a
été aménagée, alors qu’une DZ hélico est à proximité
immédiate de la base. Durant mon premier repas, c’est à
dire environ une heure après mon arrivée, je fais
connaissance avec deux techniciens français qui seront
pratiquement les seules personnes à qui parler durant mon
séjour, mis à part les techniciens de Port Gentil qui feront
quelques rapides contrôles.
Vers la fin du repas, le commandant DURIER arrive. Il se
présente comme étant le commandant du pétrolier LE
GARGANTUA, assurant la liaison entre la base et un
puits de pétrole isolé dans la forêt. Tout d’abord, je pense
que le bateau de « tonton » (surnom du commandant)
marche au charbon. En effet, son visage rappelle celui
d’un mineur, par sa couleur. Presque tous les jours, il
viendra manger avec nous avec cette couleur bizarre qui le
fait ressembler à un vieux meuble patiné par le temps.
Trente ans d’Afrique, il est certain que ça abîme …
Tonton est un vrai baroudeur, un dur à cuire à l’eau
froide… En apprenant à le connaître, plus rien ne me
surprendra. Il m’invite à visiter son bateau que les expats
surnomment la pirogue, pour le mettre en colère…en
vain ! ( j’allais dire en vin ). Tonton est doux comme un
agneau.
21 L’après midi, je me décide donc, malgré la chaleur, à
faire à pied le petit kilomètre qui me sépare du pétrolier.
La jeep de Tonton est là, du moins ce qu’il en reste. La
portière de toile éternellement ouverte, ( Tonton la perdra
durant mon séjour, sans s’en apercevoir !) , la roue de
secours sur son support à l’arrière entièrement détruite, le
réservoir d’essence posé sur le siège passager avec une
durite qui sort par la portière droite avant de disparaître
sous le capot qui ne ferme pas et fait bonjour à chaque fois
que « trompe la mort « passe dans un trou… Bien sur, il
n’y a pas de bouchon de réservoir et Tonton fume comme
un pompier en conduisant…
J'ai longtemps hésité avant d'écrire ces lignes… qui peut
croire une chose pareille, dans notre pays où le contrôle
technique existe ! Mais ici, c’est l’Afrique, étonnante et
magique, avec le système D synonyme d’efficacité. Le
besoin l’emporte sur le superflu. Je m’approche donc du
ponton et m’engage sur une planche étroite et trop souple
à mon goût, qui fait office de passerelle, pour monter à
bord de ce bâtiment de 1947, d’après son commandant. A
l’intérieur, tout est d’époque. J’aperçois alors la tête du
commandant, qui m’invite à avancer. Ayant mis une
casquette de toile, mon look a du être modifié car Tonton
ne me reconnaît pas ! Je fais deux pas et me retrouve assis
dans sa carrée. Le thermomètre indique 45 degrés, comme
le ricard. La climatisation n’existe pas et c’est comme dans
un sauna.
Tonton me demande ce que je veux boire, alors qu’il se
sert un complément dans un verre encore à moitié,
contenant apparemment le même breuvage. Je lui réponds
que je prendrais volontiers un verre d’eau. Je dois donc me
servir, car Tonton n’offre jamais d’eau, sauf
éventuellement avec le pastis. A ce stade de l’émission, il
ne m’a toujours pas reconnu ! Je regarde son verre, qui me
22rappelle la fondue savoyarde par la couleur, l’épaisseur du
contenu et certainement la chaleur… beurk ! Il me raconte
une petite partie de sa vie. C’est ainsi que j’apprends qu’il
est un ancien pilote de chasse et que la plupart des grands
patrons actuels de la société pétrolière ont été des élèves
de Tonton. Il y a deux ans qu’il n’est pas rentré en France,
sa femme vit à POG avec une petite Africaine qu’il espère
adopter. A ce moment précis, il réalise qu’il m’a déjà vu :
je lui rappelle que nous avons déjeuné ensemble peu de
temps auparavant. De la cale, monte une odeur de pétrole
accentué par la chaleur. L’équipage Gabonais frappe sur
quelque chose de métallique, certainement pour justifier
leur présence ou faire croire à un travail en cours… Par le
hublot ouvert, j’aperçois un homme qui jette à l’eau un
bout de fil avec un hameçon à l’extrémité duquel se
balance un mollusque… Tonton continue son récit ; il me
parle de sa fiancée africaine qui habite à quelques pas…
C’est la femme de son chef mécanicien, qui évidemment
est de quart lorsque Tonton va rendre hommage à cette
dame ! Je prends congé du commandant car le devoir
m’appelle.
L’appareil photo en bandoulière, je marche sur le chemin
de sable qui mène à la mer. Des oiseaux s’envolent de
chaque bosquet. A chaque fois, je déclenche, espérant
fixer sur la pellicule un couple de perroquets ou un
échassier. Tous ces oiseaux sont magnifiques, dans leur
contexte. Des dizaines de titis de couleur piaillent en
s’envolant vers le ciel bleu. En arrivant à la plage,
immense et déserte, de nombreux petits crabes s’enfuient
dans l’eau… Une eau claire, avec la crête des vagues
blanche ; c’est la barre des Portugais, somptueuse et
dangereuse. Il est impossible de se baigner tant le courant
est fort, et derrière cette barre, il y a des requins… En me
retournant, j’aperçois la torchère, symbole de la vie. Ici,
23loin de tout, des hommes travaillent dur plus de douze
heures par jour, loin de leurs familles. Les Africains
restent une semaine puis repartent chez eux en repos. Les
Français font cinq semaines puis quatre en France. Moi, je
dois faire trois mois… La restauration et l’hôtellerie sont
toujours défavorisés, en horaires et en salaires. ( 18 ans
plus tard, les rotations seront de huit semaines de travail
pour trois semaines de repos, voyages compris, alors que
la France est passée aux 35 heures !) Sur le chemin du
retour, je marche en équilibre sur le pipeline que des
hommes construisent. Je compte les éléments pour évaluer
la distance qui me sépare de la base à la plage :environ
1800 mètres. Le sable brûlant est noir, la plus petite flaque
d’eau a des reflets de pétrole…de brut… d’huile… La
savane s’étend à perte de vue, monotone. Instinctivement,
je cherche à l’horizon une voiture, repérable par un nuage
de poussière… rien.
Le GABON est situé en Afrique centrale, sous l’équateur.
Superficie 267 667 km2. Le climat est équatorial avec une
forte humidité et des températures élevées toute l’année.
La pluviosité va de quatre mètres au nord à deux mètres au
sud. La forêt couvre 85% du pays avec un sous bois
difficilement pénétrable. Le fleuve le plus important est
l’OGONE et mesure 1200 km. Le GABON, en ce moment
là, possède l’un des plus fort revenu par habitant de
l’Afrique. Les deux grandes richesses avec un potentiel
énorme, sont les mines ( uranium, manganèse) et les
produits pétroliers. Nous sommes en 1984.
Aujourd’hui, la plate hebdomadaire qui nous apporte les
vivres est arrivée. Elle met ainsi un jour ou deux pour
venir depuis POG. Tout le matériel nécessaire au chantier
ainsi que la nourriture nous parviennent par cet unique
moyen de transport, hormis le petit avion de relève. C’est
l’évènement de chaque semaine, surtout pour les villageois
24qui n’ont pas de distractions. Une chambre froide avec un
congélateur contient les produits frais et surgelés, ainsi que
le pain, commandés par radio une semaine auparavant.
D’autres containers, plus petits, sont chargés avec
l’épicerie et les boissons. A chaque ouverture, c’est
comme dans les paquets de lessive. On cherche le cadeau.
Une fois se sont les bouteilles d’huile qui n’ont pas résisté
et qui ont inondé le papier toilette, une autre fois c’est le
vin rouge, livré en dame-jeanne qui est répandu dans la
semoule couscous. Mes six hommes attaquent le
déchargement à la chaîne. La perte due à la manutention
est énorme. On ne compte pas les cartons d’eau éclatés qui
lâchent en laissant s’échapper leur précieux contenu.
Quelquefois, du matériel de chantier gênant, nous ne
pouvons approcher le Berliet jaune à six roues motrices, et
nous devrons faire une chaîne à rallonge malgré les
protestations de mes gaillards. Si seulement tous les gars
du monde pouvaient se donner la main en commençant par
ici ! Lorsque la cadence diminue, je leur donne un coup de
main pour relancer la machine… Il faudra plus de trois
heures chaque semaine pour décharger cette plate. Une
partie des marchandises est destinée à nos voisins
européens qui vivent à une trentaine de mètres de nous
dans des containers métalliques. Leur resto est fabriqué en
contreplaqué et en tôles. Les conditions d’hygiène feraient
peur à n’importe quel inspecteur sanitaire et les normes
HACCP ne sont pas encore inventées !
En rentrant du déchargement, je réquisitionne un
TOYOTA. La direction a du jeu et les freins totalement
inexistants. L'humidité et l'air marin ont eu raison de la
carrosserie. C'est encore un moyen de locomotion mais
plus pour très longtemps. Le traitement africain est terrible
pour les véhicules. Les compatriotes frimeurs au volant de
leur 4 X 4 climatisé ne connaissent pas la joie de se brûler
25les cuisses sur les sièges, en essayant de tenir la ligne
droite dans les ornières de sable, la chemise enfondue
comme disent les Savoyards, avec les cheveux collés sur
le front et des passagers locaux qui tapent sur le toit de la
cabine, debout sur le pick-up…et puis ici, le matériel n’est
pas entretenu comme chez nous !
J’ai une histoire : on donne un jeu de boules de pétanque
à 3 hommes ; un marseillais, un chinois, un africain : une
demi heure plus tard, le marseillais joue avec, le chinois
essaie de les faire tenir en équilibre l’une sur l’autre, … et
l’africain en a perdu une et cassé l’autre !
Jeudi 20 décembre, 05 heures 30 : le coq a perdu ses
plumes, celles de la queue, durant la nuit. L’emblème de la
France a triste mine ! Peut être allons nous les retrouver
sur une coiffe ou dans une auto, comme grigri ? Le jour se
lève à peine et il fait déjà 25 degrés. Le ciel est couvert et
j’essaie de faire un petit footing. En vain. Je renonce après
un kilomètre. Le sable et le climat ont eu raison de mon
courage. Les hommes commencent à arriver, encore
endormis. Ils avalent, le plus souvent debout, une tasse de
café avant de se diriger vers la station. Huit d’entre eux
emportent leur casse-croûte car ils travaillent sur un champ
pétrolier isolé. Le rotork, mini péniche à fond plat de 280
chevaux, les emmène. Ils rentreront vers midi et ne
pourront donc pas venir au buffet – casse-croûte de 9
heures, sous la paillote. Œufs, viandes, manioc, etc…
Vêtus de combinaisons bleues à l’enseigne ELF GABON,
les gars viennent se détendre quelques minutes avant
d’attaquer les heures les plus chaudes de la journée. Seule
la soif les fera sortir du chantier avant le prochain repas.
Une sirène hurle. Ce n’est pas une alerte, c’est seulement
le téléphone. Le camp est relié par radio téléphone à
PORT GENTIL. La communication n’est pas toujours
bonne mais permet de se comprendre, bien que j’aurais
26souvent des surprises lors de mes livraisons de vivres,
certains mots ayant été déformé suite aux commandes
passés par ce seul moyen de communication. Je me dirige
vers ma chambre-boutique-bureau. J’assure également la
vente des cigarettes et de quelques affaires de toilettes :
c’est la cambuse. Toute la journée, je me ballade avec un
trousseau de clés. J’ouvre et ferme continuellement des
portes et des cadenas. Ici, tout et rien a tendance a
disparaître. Le « PETIT ROBERT AFRICAIN «
comporte de nombreuses différences par rapport à
l’édition française. Ainsi, le verbe prêter s’écrit donner ou
cadeau. La dysenterie est désignée par une formule
poétique : « le ventre qui coule «. Une cuisse de poulet est
« une jambe de coq « et pendant que nous sommes dans
la basse cours, il y a des gens « qui regardent comme des
canards « . Des femmes ont des mollets en « bouteille de
Perrier « . Le langage imagé et imaginé des Gabonais !
Je pense à mon fils Yohann. Comme tous les jours, il a du
s’habiller chaudement avant d’aller à l’école. La neige doit
commencer à tomber en Haute Savoie. Sa lettre au Père
Noël est certainement postée et le sapin décoré ...

etc .........;;
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Re: Encore moa...

Message par jeanmi » dim. juin 15, 2014 2:41 pm

a quand la suite du récit??

j'ai bien aimé ta prose :wink:
semper carpe diem
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Encore moa...

Message par gelenes » dim. juin 15, 2014 3:39 pm

quelques photos du Gabon pour mettre des images sur des vieux propos ... :wink:



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la piste pour aller à l'aéroport !

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La "plate " hebdomadaire ... un container frigo et un "sec"...


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Re: Encore moa...

Message par idwan » dim. juin 15, 2014 10:34 pm

T'as été en Algérie pour ton boulot ?
une 650 ou mourir !!!
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Re: Encore moa...

Message par gelenes » lun. juin 16, 2014 1:08 am

Oui, pas longtemps, faute de comprendre la langue américaine ...isolement total à 90 km d'In Sallah ! une véritable aventure par 53 ° ...


Une base vie en fonction , c'est comme ça : IN SALLAH

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Quand je suis arrivé à " la mienne "... c'était comme ça !

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Il faut reconnaitre qu'à marée basse, la plage est belle...le sable un peu fin qui rentre partout, même dans les oreilles et entre les dents :mrgreen:

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Re: Encore moa...

Message par gelenes » lun. juin 16, 2014 1:23 am

certains doivent se demander pourquoi je reviens sur ma présentation ...et sur ma vie.

Aujourdh'ui, si je fais le point, c'est parceque les années ont passée, j'ai failli casser ma pipe plusieurs fois, j'ai bourlingué , connu du monde et des nanas, dada dirla dada ... :lol: et...je suis toujours là, usé, certes, mais je vais aller m'acheter des bougies, 60 ! ... et dès que possible une autre moto, mais pas cette année. :wink:

L'occasion de faire deux colonnes, les bons souvenirs et les autres ... et comme le disait Bernard Blier, l'expérience est un peigne que vous donne la vie quand vous êtes devenu chauve.

Pourvu que ça dure !!
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Re: Encore moa...

Message par idwan » lun. juin 16, 2014 10:00 am

Je te demande ça pour l'Algérie car on a un grand père qui avait decouvert du pétrole là bas.
Pour le remercier, Total, dans sa générosité légendaire, en plus de son salaire, lui avait offert une assiette dorée... :roll:
M. Lelubre il s'appelait
une 650 ou mourir !!!
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